Bureau régional de la FAO pour l'Afrique

La FAO, le CCDG et l'ASDI analysent la prise en compte du genre dans le secteur forestier d'Afrique de l'Ouest

11 mai 2021, Dakar, Sénégal - L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Centre de la CEDEAO pour le Développement du Genre (CCDG)  et  l'Agence Suédoise de Développement et coopération Internationale (ASDI) ont lancé aujourd'hui une publication intitulée "Égalité des sexes et foresterie en Afrique de l'Ouest : conclusions préliminaires et recommandations pour les pays d'Afrique de l'Ouest". Produite dans le cadre du projet "Transformation Globale des Forêts pour les  Peuples et le Climat: un accent sur l’Afrique de l’Ouest ", la publication vise à identifier les défis liés au genre dans le secteur forestier ouest-africain, en tirant ses données à partir d'une analyse de genre faite  pour les 15 pays membres de la CEDEAO. En outre, le dossier fournit des recommandations préliminaires pour remédier à ces disparités.  

Les forêts couvrent environ 17% du territoire ouest africain et constituent une source importante d'énergie et de moyens de subsistance pour une grande partie de la population de la région. La couverture forestière varie considérablement d'un pays à l'autre, allant de plus de la moitié du territoire pour certains (79 % au Liberia; 70 % en Guinée-Bissau) à moins de 10% pour d’autres (9 % en Côte d'Ivoire; 1 % au Niger).

"Malgré les différences existantes, les femmes rurales d'Afrique de l'Ouest, en particulier celles qui participent à la production forestière et agricole, sont confrontées aux mêmes obstacles liés au genre, notamment en matière de charges de travail, de l'accès variable à la terre, aux ressources énergétiques, à l'éducation, etc.", explique Astrid Agostini, coordinatrice du cluster REDD+/NFM de la FAO. "En fournissant une analyse et des recommandations concrètes, le nouveau document vise à améliorer la dynamique de genre, ce qui, en fin de compte, stimulera les efforts et les capacités de la région à protéger et restaurer les forêts."

Le paysage du genre en Afrique de l'Ouest: résultats préliminaires et recommandations

Pour lutter contre les inégalités entre les sexes, les États membres de la CEDEAO se sont engagés à soutenir femmes et développement en vertu de l'article 63 du traité révisé de la CEDEAO de 1993, qui stipule que les États membres s'engagent à "formuler, harmoniser, coordonner et mettre en place des politiques et des mécanismes appropriés, pour l'amélioration des conditions économiques, sociales et culturelles des femmes".

En outre, les États membres de la CEDEAO ont créé le Centre de la CEDEAO pour le Développement du Genre (CCDG),  une agence régionale chargée de promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes et des filles dans la région et de mettre en œuvre la politique du genre de la CEDEAO.

"De nombreux pays de la région de la CEDEAO ont adopté des instruments juridiques internationaux et régionaux relatifs à l'égalité des sexes», souligne Gouantoueu Robert GUEI, Coordonnateur du Bureau Sous-Régional de la FAO pour l’Afrique de l’Ouest et  Représentant  de la FAO au Sénégal. "Ces instruments comprennent la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP), les Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers (DV) et la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).  Pour aider à faire avancer l'agenda de l'égalité des sexes, le bureau sous-régional de la FAO est en train de développer sa stratégie et son plan d'action en matière de genre pour s'assurer que le genre est intégré de manière adéquate dans tous ses programmes, stratégies, politiques et projets dans la sous-région, en particulier dans les secteurs à prédominance masculine comme la foresterie», explique le Coordonnateur.

Dans toute la région, plusieurs obstacles communs liés au genre limitent la capacité des femmes à exercer leurs droits et à contribuer au mieux à l'avancement du secteur forestier : charge de travail et violence basée sur le genre, taux d'alphabétisation, dépendance à l'égard des produits forestiers ligneux et non ligneux, manque de personnes modèles, accès à la sécurité foncière et au contrôle des terres, des forêts et des arbres, représentation inégale des hommes et des femmes dans les institutions et les organes de gouvernance forestière, et problème de disponibilité de données actualisées et désagrégées par sexe.

En outre, si des efforts ont été déployés au niveau national pour traiter les questions liées au genre, y compris l'adoption d'accords internationaux et régionaux, dans de nombreux cas, la mise en œuvre de ces efforts reste encore un défi.

"Les mesures nécessaires pour relever les défis liés au genre diffèrent d'un pays de la CEDEAO à l'autre, car chaque pays est confronté à des facteurs uniques qui influencent les normes sociales et culturelles, les lois et les politiques, ainsi que le secteur forestier, explique Ulla Andrén, responsable de la coopération suédoise pour le développement régional en Afrique. "Néanmoins, la nouvelle publication fait quelques propositions pour aider à stimuler le changement."

Les suggestions comprennent la finalisation et la mise en œuvre de lois et de politiques sensibles au genre, la sensibilisation aux questions de genre, la promotion de l'autonomisation des femmes, la réduction du risque de violence basée sur le genre et le soutien aux coopératives féminines évoluant dans les secteurs de transformation et de commercialisation des produits forestiers non ligneux. Le document suggère en outre des initiatives visant à répondre aux besoins en bois-énergie afin d'alléger les charges ménagères des femmes, à renforcer la sécurité des droits forestiers et fonciers des femmes et à encourager les jeunes femmes à poursuivre des études dans le domaine de la foresterie grâce à des bourses et des quotas. 

"Tous ces efforts doivent être soutenus par des formations formelles et informelles et par l'acquisition de compétences sur le terrain", explique Bolanle Adetoun, directrice par intérim du CCDG  "C'est pourquoi les gouvernements doivent tenir compte des niveaux d'alphabétisation et d'éducation limités des femmes et améliorer l'accès à la technologie et à l'acquisition de compétences, lorsqu'ils diffusent des informations et des pratiques concernant la foresterie ou des lois et politiques tenant compte de la dimension  genre."

Enfin, dans de nombreux pays d'Afrique de l'Ouest, il est nécessaire d'améliorer la collecte de données désagrégées par sexe. Des objectifs doivent être fixés pour atteindre un meilleur équilibre entre les hommes et les femmes dans les organes de gouvernance forestière, et l'accès des femmes aux forêts et aux avantages qui en découlent doit être garanti et sécurisé. En mettant en œuvre une combinaison de ces actions, les pays de la CEDEAO peuvent commencer à progresser vers une plus grande égalité des sexes, en particulier dans le secteur forestier.

S'attaquer aux défis et contraintes liés au genre dans la région nécessite une approche adaptée par pays, par le biais d'une approche participative impliquant les hommes et les femmes dans la sensibilisation, le développement des capacités et la consultation.  Les actions politiques proposées visent à mieux faire comprendre que les besoins et les priorités de chaque pays en matière de progrès vers l'égalité des sexes dans le secteur forestier permettront à la région de se rapprocher de ses objectifs de développement durable et de climat.

Le projet quinquennal " Transformation globale des forêts pour les peuples et le climat : un accent sur l'Afrique de l'Ouest " continuera d'évaluer ces défis liés au genre dans la région et d'identifier les bonnes pratiques et les leçons apprises pour les relever, en fonction de chaque pays et de chaque contexte.

Pour accéder à la publication "Égalité de genre et foresterie en Afrique de l'Ouest : résultats préliminaires et recommandations pour les pays d'Afrique de l'Ouest", veuillez-vous rendre aux adresses suivantes :

http://www.fao.org/3/CB4280FR/CB4280FR.pdf  (version française)

http://www.fao.org/3/CB4280EN/CB4280EN.pdf  (version anglaise)