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Fanny Lederlin: «Télétravail: les jeunes envisagent de changer d’employeur comme on changerait de crèmerie»

«Les jeunes salariés semblent considérer le télétravail comme un acquis social sans avoir pris le temps de questionner véritablement cette nouvelle modalité de travail.» 254761911/nyul - stock.adobe.com

ENTRETIEN - Selon une étude de l’ADP Research Institute, 71 % des jeunes pourraient quitter leur travail s’ils devaient revenir intégralement en présentiel. Pour la philosophe, ce chiffre traduit une vision individualiste et consumériste du travail. Celle-ci ne s’inscrit plus dans une volonté d’amélioration de l’organisation de l’entreprise, analyse-t-elle.

Doctorante en philosophie, Fanny Lederlin a publié «Les Dépossédés de l’open space. Une critique écologique du travail» (PUF, 2020)


LE FIGARO.- Une récente étude a montré qu’une large majorité des jeunes pourraient démissionner si leur employeur leur demandait de revenir à 100 % en présentiel. Qu’est-ce que cela nous révèle sur leur rapport au travail?

Fanny LEDERLIN.- La première remarque que m’inspire ce pourcentage est l’installation, dans les rapports de travail, d’une alternative satisfaction/démission, qui semble avoir succédé à l’alternative satisfaction/revendication, qui prévalait jusqu’alors. Comme si les salariés n’envisageaient absolument plus d’améliorer leurs conditions de travail au moyen de négociations avec leur manager ou leur patron (et même, si nécessaire, d’actions sociales et de luttes collectives), mais se plaçaient exclusivement dans une relation binaire qui s’apparente selon moi à une relation consumériste: si les conditions de travail sont satisfaisantes, je reste…

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32 commentaires
  • Liberalix

    le

    Je pense sincèrement que beaucoup d'entreprises ne récoltent que ce qu'elles ont semé. Cela fait 20 ans que les Open Space se développent, et maintenant le flex office, contre l'avis des salariés. Ces choix ont été motivés exclusivement par une approche coûts, afin de diminuer le budget "bureau" au détriment des conditions de travail.
    Avec le télétravail, beaucoup ont constaté qu'ils pouvaient répondre aux attentes de l'entreprise en terme de production et atteinte des objectifs, tout en bénéficiant d'un environnement de travail calme.
    Les DRH devraient prendre cela en compte : pourquoi perdre 2h de transports pour au final avoir un cadre de travail moins agréable ?

  • Liberalix

    le

    Un contrat de travail est un contrat entre deux parties, l'employeur et l'employé. Il est normal que si l'un des deux s'estime perdant, il rompe le contrat.
    A considérer les contrats comme un engagement à sens unique, beaucoup de DRH ont illustré leur incapacité à faire leur job...

  • AFAC69

    le

    Cette philosophe émérite a oublié une notion importante. Celle de se mettre à la place de l'entreprise. En effet, qu'il y ait embauche, prêt, sous-traitance ou autre combine, l'entreprise doit y trouver son compte: Que gagne-t-elle face à ce que ça lui coûte ?

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