La tiny house, une solution pour sortir les SDF de la rue à Rouen

S'inspirant de la mouvance des tiny houses et pour aider les SDF à Rouen, l'entrepreneur Franck Renaudin a lancé une levée de fonds pour son projet baptisé Un toit vers l'emploi.

L'entrepreneur Franck Renaudin (à gauche) avec deux services civiques, Eva et Matteo, s'est inspiré de la mouvance des Tiny house pour monter le projet Un toit vers l'emploi à Rouen (Seine-Maritime), visant à sortir les SDF de la rue et les motiver à trouver leur voie professionnelle.
L’entrepreneur Franck Renaudin (à gauche), appuyé par deux services civiques, Eva et Matteo, s’est inspiré de la mouvance des tiny houses pour monter le projet Un toit vers l’emploi à Rouen (Seine-Maritime), visant à sortir les SDF de la rue et les motiver à trouver leur voie professionnelle. (©MN/76actu)
Voir mon actu

Après 20 ans d’investissement auprès de personnes en situation de très grande précarité en Afrique, en Asie et en Haïti, le fondateur de l’ONG Entrepreneurs du Monde, Franck Renaudin, a lancé le projet Un toit vers l’emploi à Rouen (Seine-Maritime). Ce programme, soutenu par l’incubateur Katapult de l’Adress et participant au concours la Fabrique Aviva, vise à loger les personnes sans domicile fixe et les aider à trouver leur voie professionnelle en s’appuyant sur un habitat spécifique : les tiny houses (ou micro maisons).

Entrepreneur spécialisé dans la microfinance et l’insertion économique, Franck Renaudin sentait le besoin de retrouver un ancrage local. « Je cherchais toujours à travailler sur la grande précarité, mais cette fois-ci en France, où la problématique est également présente », explique-t-il. Un financement participatif a été mis en ligne à la fin juin 2019 pour la construction de la première habitation. L’objectif a quasiment été atteint en deux semaines.

À lire aussi

Besoin d’un terrain pour établir un lieu de vie

Le déclic est venu en lisant un article du magazine La vie sur le mouvement social et architectural des tiny houses, né dans les années 2000 aux États-Unis : « Je me suis dit, c’est ça qu’il faut ! » Ces maisons mobiles, indépendantes, d’une taille n’excédant pas 20 m², la plupart du temps autonomes en eau et en énergie, lui semblait un habitat parfait pour le public SDF.

Il a pu dès lors mûrir son désengagement d’Entrepreneurs du Monde où il occupait le poste de directeur, pour se lancer à fond dans ce nouveau projet. Il planche dessus au Kaléidoscope au Petit-Quevilly, avec Eva et Matteo, deux services civiques qui complètent l’équipe. À l’inverse d’autres programmes d’insertion, celui-ci prend le postulat de partir du logement afin d’offrir aux bénéficiaires la sécurité d’un toit, nécessaire pour bien mûrir un projet de vie.

Pour devenir bénéficiaire, il y a une condition extrêmement importante : formuler l’envie d’être accompagné dans une recherche d’emploi.

Cet accompagnement se déroulera sur un temps long, permettant de reprendre des habitudes de vie en société et de définir un « parcours professionnel idéal ». Il s’effectuera dans un « lieu de vie chaleureux ». L’équipe recherche actuellement un terrain, un hangar ou toute autre opportunité sur le territoire de la métropole afin d’implanter ce dernier.

À lire aussi

Construire trente maisons par an

Pour les personnes prises en charge, c’est dans ce lieu que tout commencera. Elles pourront y venir à la carte, rencontrer des bénévoles, réfléchir à leur parcours avec un travailleur social, mais également reprendre un rythme de travail au sein d’un atelier installé sur place :

Cet atelier sera un lieu d’apprentissage du travail du bois, de la ferronnerie, de la couture ou de la poterie, voué à la création des meubles qui décoreront les intérieurs des maisons. En plus de potentiellement révéler des affinités avec une activité, cela crée un sentiment de fierté d’avoir participé à l’élaboration de sa maison, tout en renforçant son caractère unique.

Dans un premier temps, Un toit vers l’emploi va faire appel à des entreprises extérieures pour la création des cinq premières tiny houses, histoire de tester la viabilité de son modèle. Mais à l’horizon de l’été 2020, une entreprise de construction devrait voir le jour avec un objectif de production de 30 maisons par an.

Vidéos : en ce moment sur Actu

À lire aussi

Créer des territoires « zéro SDF »

Eva, diplômée de l’école d’architecture de Normandie, est en charge de l’élaboration du modèle de maison. « Nous souhaitons faire de la série afin de réduire les coûts, explique-t-elle. Le tout en jouant le jeu de l’empreinte carbone et en respectant l’enjeu écologique. » L’indépendance énergétique de ces habitations représente un atout non-négligeable :

Il n’y a pas de canalisations, pas besoin de se raccorder à un réseau, ni de réaliser des travaux, juste une déclaration préalable à effectuer à la mairie. La tiny ne laisse pas non plus de traces. Cela permet d’imaginer l’implantation sur un bout de terrain d’un particulier, tout en conservant l’indépendance de chacun, ou même sur celui d’une entreprise prête à employer le bénéficiaire.

Un toit vers l’emploi s’appuie sur un schéma entrepreneurial afin d’être moins dépendant des aides publiques. Chaque bénéficiaire devra régler un loyer à hauteur de ses revenus. Il pourra continuer à vivre dans sa micro maison autant de temps qu’il le souhaite. Une fois que le montant des loyers aura atteint le prix de l’habitation, il en deviendra même propriétaire.

A terme, Franck Renaudin envisage de créer des emplois pour les bénéficiaires, afin par exemple de déplacer les maisons — qui respectent les tailles réglementaires pour être remorquée —, ramasser les déchets produits par les tiny du réseau, ou encore travailler au sein de l’entreprise de construction. « Rouen est un territoire test », affirme-t-il. Si le modèle prend, il espère bien essaimer dans d’autres régions de France. Avec un rêve en tête : « Créer des territoires zéro SDF. »

Pour plus d’informations, consulter la campagne en ligne sur le site Les petites pierres.

À lire aussi

Dernières actualités

76actu

Voir plus

Vos journaux

Le Bulletin (Darnétal)
édition Le Bulletin (Darnetal)

mardi 23 avril 2024 Lire le journal

Je m'abonne
Le Bulletin (Darnétal), Une du mardi 23 avril 2024

Le Havre Infos

mercredi 10 avril 2024 Lire le journal

Je m'abonne
Le Havre Infos, Une du mercredi 10 avril 2024

Cote Rouen

mercredi 24 avril 2024 Lire le journal

Je m'abonne
Cote Rouen, Une du mercredi 24 avril 2024