Le programme de la Mutualité Française pour une démocratie en santé

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Face aux silences de la campagne présidentielle sur l’accès aux soins et à la protection sociale, la FNMF a dévoilé un ensemble de propositions pour faire évoluer le débat public. A l’occasion d’une conférence de presse, le président de la Mutualité Française détaillait le programme de la fédération en faveur d’une démocratie en santé.

La santé passée sous silence

A quelques mois des élections présidentielles et législatives, la santé reste quasiment absente de la campagne. Éric Chenut, président de la Mutualité Française déplorait ce manquement et l’obstination persistante des médias pour « les thématiques dominantes, sanitaires, sécuritaires et identitaires », à l’occasion d’une conférence de presse jeudi 13 janvier 2022. « Les rares fois où elles sont évoquées, les questions de santé restent abordées de manière uniquement comptable ou gestionnaire. » 

11 % de la population réside dans un désert médical

Pourtant l’accès aux soins intéresse majoritairement les Français. Pour 87 % d’entre eux, il s’agit en effet d’un sujet de préoccupation, selon un récent sondage Harris Interactive. Éric Chenut rappelait également que 7,4 millions de personnes résident aujourd’hui dans un désert médical. Cet isolement des soins concerne ainsi 11 % de la population. « Et les délais pour obtenir un rendez-vous médical ne cessent également de s’allonger. »

62 % des français vivant en zone rurale ont des difficultés d
62 % des français vivant en zone rurale ont des difficultés d’accès à un médecin ©FNMF

La démocratie en santé

Pour faire vivre « la démocratie en santé », la Mutualité Française a décidé de prendre part au débat public. La Fédération a ainsi dévoilé six propositions autour de l’accès aux soins et de la protection sociale. « L’objectif de ces grandes orientations est de nourrir le débat. Il ne s’agit en rien de principes incantatoires. Notre rôle n’est pas d’expliquer aux pouvoirs publics ce qu’ils doivent faire. Au contraire, notre volonté est de montrer qu’il existe d’ores et déjà des solutions. Les acteurs de l’économie sociale et solidaire, à l’image des mutuelles, sont évidemment en capacité d’apporter des solutions. »

Les acteurs de l’économie sociale et solidaire, à l’image des mutuelles, sont évidemment en capacité d’apporter des solutions

Éric Chenut, président de la Mutualité Française

Chaque proposition a été élaborée en collaboration avec les mutuelles partenaires de la Fédération. « Nous avons choisi de ne sélectionner que six grands axes de travail. Pour alimenter utilement le débat, il était en effet important d’opérer une sélection ». Des réalisations mutualistes concrètes viennent par ailleurs illustrer chacune des propositions formulées. 

Une rencontre avec les candidats à la présidentielle

La FNMF entend s’appuyer sur ces orientations pour engager une concertation avec les candidats à l’élection présidentielle. Point d’orgue de ces échanges, une rencontre avec les aspirants à la course élyséenne est organisée le 1er mars prochain. Les prétedants ayant plus de 5 % d’intentions de votes et/ou un groupe parlementaire participeront à ce grand oral. La Mutualité a également lancé un site Internet dédié aux programmes présidentiels. Un éclairage spécifique sur les thématiques de santé et de protection sociale y est proposé.

Opérer un changement de paradigme sur la prévention

La prévention constitue la première grande orientation de la Mutualité Française. « Il faut ancrer dès le plus jeune âge, puis à tous les âges de la vie, la conviction qu’un comportement favorable à la santé peut permettre de préserver son état de santé. Et d’éviter l’apparition des maladies ou leur aggravation. » La FNMF faisait part à ce propos de son inquiétude sur l’insuffisance des actions préventives. La prévention représente en effet moins de 2 % des dépenses de santé en France. « C’est un changement de paradigme que nous devons opérer, avertit la fédération. »

La prévention représente en effet moins de 2 % des dépenses de santé en France

Source : Mutualité Française

S’appuyer sur des projets solidaires déjà existants

Défendre « une santé plus inclusive, plus participative » passe également par le soutien et le développement de projets solidaires. La fédération alerte en effet sur les dangers de « l’archipelisation » de notre société. Des nombreuses opérations axées sur la solidarité ont été mises en place par les mutuelles, avec notamment des résidences intergénérationnelles. Mutlog propose ainsi à des jeunes étudiant dans le domaine de la santé de cohabiter avec des seniors en perte d’autonomie. Partager leur lieu de vie offre une solution à la fois avantageuse pour les jeunes et rassurante pour les résidents. 

Anticiper les transformations numériques

Les deux dernières propositions de la FNMF concernent les évolutions à mener dans le futur. « Notre système de protection sociale et de santé est aujourd’hui désarmé face (…) aux trois transitions démographiques, numériques et écologiques. » Pour mieux appréhender ces transformations, la fédération souhaite « investir les champs du numérique et l’intelligence artificielle en santé. Pour se prémunir du risque de nouvelles ruptures dans l’accès aux droits. Notamment en raison des zones blanches, et de l’appréhension des usages… ». 

Participer aux grands débats éthiques

Par ailleurs, la fédération donne ses recommandations sur les grandes questions éthiques. Et notamment sur le débat autour de la fin de vie. « Chacun d’entre nous, tout au long de son parcours de vie, doit pouvoir être acteur et actrice de ses choix. Il nous semble ainsi important de replacer l’individu au cœur de la prise de décision. En lui permettant de choisir une fin de vie digne. » Faire émerger de nouveaux droits, dans le respect des règles éthiques. Et donner une plus grande place à la société civile est au cœur de l’ADN mutualiste, rappelait Éric Chenut. Pour accompagner ces évolutions sociétales, la Mutualité Française a créé au sein de sa fédération un Espace Fédéral d’Éthique. Cette structure encadre les échanges, les actions de formation et les contributions menées sur notamment sur les données de santé et la fin de vie.