Appellation d'origine protégée

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Le logo AOP.

Appellation d'origine protégée (AOP) est la dénomination, en langue française, d'un signe d'identification de l'Union européenne visant à préserver les appellations d'origine de produits agricoles. Créé en 1992, ce label « désigne des produits qui ont été produits, transformés et élaborés dans une aire géographique déterminée, en mettant en œuvre le savoir-faire reconnu de producteurs locaux et des ingrédients provenant de la région concernée »[1].

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Les caractéristiques des produits ainsi protégés sont essentiellement liées au terroir. Le logo AOP européen, rendu obligatoire, assure cette identification. Le règlement européen no 510/2006 du vise en priorité à établir un régime communautaire de protection garantissant des conditions de concurrence égales entre les producteurs de produits portant ces mentions. Cette réglementation européenne devrait garantir la réputation des produits régionaux, adapter les protections nationales existantes pour les rendre conformes aux exigences de l'Organisation mondiale du commerce et informer les consommateurs que les produits portant le logo d'appellation d'origine protégée respectent les conditions de production et d'origine spécifiées par cette appellation. Cette règlementation concerne certains produits agricoles et denrées alimentaires pour lesquels il existe un lien entre les caractéristiques du produit ou de la denrée et son origine géographique : ce peut être des vins, des fromages, des jambons, des saucissons, des olives, des bières, des fruits, des légumes, des pains ou de la nourriture pour bétail.

Les aliments tels que le gorgonzola, le parmigiano-reggiano, le fromage asiago, le camembert de Normandie et le champagne peuvent être labellisés en tant que tels s'ils proviennent uniquement de la région désignée. Par exemple, pour être commercialisé sous l'appellation d'origine « roquefort », le fromage doit être transformé à partir de laits crus provenant d'une certaine race de brebis (Lacaune), les bêtes seront élevées dans un territoire déterminé et le fromage obtenu sera affiné dans une des caves du bourg de Roquefort-sur-Soulzon dans le département français de l'Aveyron, où il sera ensemencé avec les spores de moisissures (Penicillium roqueforti) préparées à partir de souches traditionnelles endémiques de ces mêmes caves.

Ce système visant à « fédérer » est similaire aux anciennes appellations de divers pays européens (liste non exhaustive) :

En Suisse on utilise également la terminologie « appellation d'origine contrôlée » jusqu'en 2013[2], puis appellation d'origine protégée (Suisse).

Le précédent de la feta grecque[modifier | modifier le code]

La feta est aujourd'hui protégée par une appellation d'origine protégée, ce qui pendant longtemps n'avait pas été le cas. Dans l'Union européenne, 90 % de la feta était produite hors de Grèce, particulièrement en France, en Allemagne et au Danemark, ces pays considérant que le terme « feta » était une appellation générique.

En octobre 2005, la Cour européenne de justice reconnaissant que seule la feta produite en Grèce a droit à cette dénomination, confirme la décision de la Commission européenne en estimant que ce fromage est « le fruit de la tradition ancestrale du pâturage extensif et de la transhumance » et que « la flore spécifique » de « certaines régions de Grèce » lui confère « une saveur et un arôme particulier ».

Les industriels laitiers des pays utilisant le terme « feta » ont eu jusqu'à octobre 2007 pour éliminer totalement le mot « feta » de leur production. Parmi eux, le groupe laitier français Lactalis, producteur de « feta » sous la marque « Salakis ».

Harmonisation européenne[modifier | modifier le code]

La Commission européenne ayant souhaité harmoniser les « signes officiels de qualité », on ne peut plus créer de label régional. Ils sont actuellement au nombre de six. Les AOC (appellation d'origine contrôlée) ont pour équivalent européen les AOP (appellation d'origine protégée). Depuis 2002, un label ou une AOC ne peut exister sans être automatiquement inscrit respectivement en IGP ou en AOP. À la suite de la réforme de l'Organisation Commune de Marché de 2009, les Vins AOC passeront en AOP ainsi que la plupart des AOVDQS, ce qui entraînera la disparition de ces appellations. Les dénominations Vin de Pays et Vin de Table passeront en dénomination IGP ou en Vin sans IG (sans Indication Géographique), comme les AOC et AOVDQS, d'ici fin [3].

Harmonisation internationale[modifier | modifier le code]

Un certain nombre d'États membres de l'Union européenne sont parties à l'arrangement de Lisbonne concernant la protection des appellations d'origine et leur enregistrement international établissant un système parallèle d'enregistrement et reconnaissance mutuelle des Appellations protégées.

Protection et mise en application[modifier | modifier le code]

Seuls les produits qui remplissent les divers critères géographiques et qualitatifs peuvent utiliser le label.

Objectifs de la protection[modifier | modifier le code]

Le premier objectif est de mettre en avant et protéger la typicité du terroir que l'on retrouve dans le produit protégé : l'origine géographique des ingrédients entrant dans sa composition, ou le mode de production. Le deuxième objectif est de permettre le contrôle : respect des origines des ingrédients et respect des modes opératoires. Enfin, le troisième objectif est de protéger le produit et son appellation des imitations évitant ainsi une concurrence déloyale.

Belgique[modifier | modifier le code]

En Belgique, depuis 2011, le Service public de Wallonie, Direction de la Qualité de la Direction générale opérationnelle de l’Agriculture, des Ressources naturelles et de l’Environnement (DGARNE), s’est doté de la Cellule d’Appui aux Indications géographiques (CAIG)[4]. Ce projet est mené conjointement par l’Université de Liège (Laboratoire Qualité et Sécurité des produits agroalimentaires, Gembloux Agro-Bio Tech[5]) et l’Université de Namur (Département Histoire, Pôle de l’histoire environnementale[6]). L’objectif de la CAIG est de soutenir les groupements de producteurs wallons désirant introduire une demande de reconnaissance de leur produit en tant qu'appellation d'origine protégée (AOP), indication géographique protégée (IGP) ou spécialité traditionnelle garantie (STG). Pour cela, la CAIG accompagne les producteurs dans leur démarche de rédaction d’un cahier des charges et dans le travail de caractérisation du produit.

Liste des principaux produits[modifier | modifier le code]

Fromages, beurres et crèmes[modifier | modifier le code]

Fromage de Neufchatel, une appellation d'origine préservée via l'AOP.

Plus de 177 fromages, beurres et crèmes européens bénéficient de ce label de qualité, dont 52 français et 55 italiens[7]. Ces produits sont conçus dans une aire géographique délimitée, selon un savoir-faire spécifique et ancestral spécifique à chaque pays.

Autres produits[modifier | modifier le code]

En dehors des fromages, beurres et crèmes, beaucoup d'autres types de produits peuvent avoir ce label de qualité. En voici la liste :

  • Des vins : 64 vins ont le label AOP
  • Dans les denrées alimentaires :
    • les viandes et abats frais
    • les produits à base de viande (cuits, salés, fumés, etc.)
    • d'autres produits d'origine animale (œufs, miel, etc.)
    • des huiles et graisses (margarine, huile, etc.)
    • des fruits, des légumes et des céréales en l'état ou transformés
    • des poissons, des mollusques et des crustacés frais et produits dérivés
    • d'autres produits de l'annexe I du traité tels que les épices, les cidres, les cafés, etc.
    • des produits de la boulangerie, pâtisserie, confiserie et biscuiterie
    • du sel
    • des gommes et résines naturelles
  • D'autres produits tels que :
    • du foin
    • des huiles essentielles
    • des cochenilles
    • de la laine

Traduction dans les langues officielles de l'Union européenne[modifier | modifier le code]

S'agissant d'une réglementation commune aux États de l'Union européenne, la mention « appellation d’origine protégée » a fait l'objet d'une traduction dans les 23 des 24 langues officielles de l'Union, ainsi que le sigle correspondant que le consommateur européen est susceptible de rencontrer sur les emballages des produits[8].

Mention « appellation d’origine protégée » dans les 24 langues officielles de l'Union[8]
Langue Mention Sigle officiel de l’appellation
Code langue Nom langue
(bg) Bulgare защитено наименование за произход ЗНП
(es) Espagnol denominación de origen protegida DOP
(cs) Tchèque chráněné označení původu CHOP
(da) Danois beskyttet oprindelsesbetegnelse BOB
(de) Allemand geschützte Ursprungsbezeichnung g.U.
(et) Estonien kaitstud päritolunimetus KPN
(el) Grec προστατευόμενη oνομασία προέλευσης ΠΟΠ
(en) Anglais protected designation of origin PDO
(fr) Français appellation d’origine protégée AOP
(en) Irlandais Protected designation of origin PDO
(hr) Croate zaštićena oznaka izvornosti ZOI
(hu) Hongrois oltalom alatt álló eredetmegjelölés OEM
(it) Italien denominazione d’origine protetta DOP
(lv) Letton aizsargāts cilmes vietas nosaukums ACVN
(lt) Lituanien saugoma kilmės vietos nuoroda SKVN
(mt) Maltais denominazzjoni protetta ta’ oriġini DPO
(nl) Néerlandais beschermde oorsprongsbenaming BOB
(pl) Polonais chroniona nazwa pochodzenia CHNP
(pt) Portugais denominação de origem protegida DOP
(ro) Roumain Denumirea de origine protejată DOP
(sk) Slovaque chránené označenie pôvodu CHOP
(sl) Slovène zaščitena označba porekla ZOP
(fi) Finnois suojattu alkuperänimitys SAN
(sv) Suédois skyddad ursprungsbeteckning SUB

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Source de la définition : Commission européenne, « Politique de l'UE en matière de qualité des produits agricoles », sur ec.europa.eu.
  2. site officiel des AOC suisse.
  3. « La réforme des appellations en 2009 », sur symposiarques.org via Wikiwix (consulté le ).
  4. « Recherches historiques sur les produits du terroir wallon (Cellule d'Appui aux Indications géographiques) - Projet SPW DGARNE - Collaboration avec Ulg-Gembloux AgroBio Tech »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Université de Namur (consulté le ).
  5. « CAIG : Cellule d'appui scientifique pour répondre à la demande de développement de produits sous AOP, IGP et STG », sur Laboratoire Qualité et Sécurité des Produits Agroalimentaires (Université de Liège-Gembloux AgroBio Tech) (consulté le ).
  6. « Pôle de l'histoire environnementale de l'Université de Namur (PolleN) », sur Université de Namur (consulté le ).
  7. « Beurre AOP et Fromages AOP », sur Fromages AOP (consulté le ).
  8. a et b [PDF] « Règlement (CE) n° 1898/2006 de la Commission du 14 décembre 2006 portant modalités d’application du règlement (CE) n° 510/2006 du Conseil relatif à la protection des indications géographiques et des appellations d’origine des produits agricoles et des denrées alimentaires », Journal officiel de l’Union européenne L 369/1 du 23-12-2006 (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Ancien logo.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]