Préval (marque)

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Préval est le nom d'une ancienne marque française de produits laitiers industriels (beurre, lait, camembert).

Naissance de Préval[modifier | modifier le code]

La société Préval naît en 1934, de la rencontre entre Georges Caillard (Le Mans 1882 - Neuilly-sur-Seine 1965), gestionnaire de portefeuilles d'assurances et Jean Lambert, dirigeant d'une coopérative laitière normande. Les usines Préval sont situées à Vire (Normandie) et les bureaux à Paris. Georges Caillard et Jean Lambert sont à l'origine d'une innovation majeure, l'application d'une méthode de pasteurisation aux produits laitiers. Cette méthode n'est pas très bien maîtrisée jusque-là, exceptée par des agriculteurs laitiers danois (qui y travaillent dès la fin du XIXe siècle), et par les agriculteurs américains. Le beurre Préval n'est ainsi plus élaboré à partir du lait, mais directement à partir de la crème, permettant de transformer plus simplement et plus rapidement un beurre doux/demi-sel de meilleure qualité. Grand organisateur et publicitaire hors pair, Georges Caillard est à l'origine des premiers emballages papier ou cartonnés pour briques de lait, ainsi que des emballages pour le beurre commercialisé (les petits pots de beurre Chaperon rouge), à des fins d'hygiène et de conditionnement.

L'après-guerre, les trente glorieuses et la disparition de Préval[modifier | modifier le code]

La période de l'occupation allemande désorganise l'entreprise, mais Préval reprend son envol dans l'après-guerre. À la suite de la mort prématurée de Jean Lambert, dans un accident de la route en 1950, Georges Caillard reste seul dirigeant du groupe. Préval se situe dans les premières marques françaises de produits laitiers de l'époque. Homme très respectueux des conditions de travail de ses salariés, Georges Caillard est l'un des premiers dirigeants d'entreprise, à instaurer un système équitable d'indemnités salariales, en cas de congés maladie. Ainsi, un salarié tombé malade perçoit la totalité de son salaire jusqu'à la reprise de son poste, ses collègues percevant une indemnité compensatrice, liée au surcroît effectif de travail.

Il figure également parmi ces dirigeants d'entreprise, précurseur en matière de médecine du travail dans l'après-guerre. Un centre parisien de médecine du travail (situé dans le 4e, près de Châtelet-les-Halles) a ainsi vu le jour, le centre St-Jacques. Encore existant aujourd'hui, à la suite d'une fusion avec plusieurs autres centres parisiens, il a été intégré à Efficience santé au travail.

L'entreprise Préval, au début des années 1960, compte plus de deux cents salariés, contre seulement une dizaine à sa création. Son siège technique est alors le site de Creully, dans le Calvados, et son siège administratif se situe rue Bonaparte à Paris. Le gaulliste et Ministre de l'Agriculture Robert Boulin, alors conseiller de la société, a un bureau au siège. La société compte une dizaine d'usines, parmi lesquelles : Audrieu, Creully, Montauban-de-Bretagne, Torigny-sur-Vire, Vire, Sourdeval ,... Georges Caillard, désireux de se retirer des affaires, revend Préval en 1964 à la marque Perrier. Perrier fusionne en 1969 avec Sapiem pour devenir Perrier-Sapiem[1]. C'est dans la filiale Sapiem que Préval est regroupé[2]. En 1976, Préval réalise 1,23 milliard de francs de chiffre d'affaires et emploie 2 000 personnes dans 8 usines[3]. Préval est revendu par le groupe Perrier en 1977 au groupe Lactalis et ULN[4],[1], jusqu'à la fermeture du site historique de Vire en 1980[5] sous la direction de Hervé Battistoni.

En 1983, Lactalis tente d'acheter Préval[6],[7],[8],[4]. C'est toutefois l'ULN qui la rachète[4].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b À propos de l’affaire Préval : quelques réflexions sur les mutations de l’Ouest laitier, Jean-Baptiste Henry, février 1984 (via hal-02408205. Lire en Ligne au format pdf)
  2. Hubert Bonin, « Chapitre XII. Une banque des entreprises agricoles et agroalimentaires », Publications d'histoire economique et sociale internationale,‎ , p. 151–162 (ISSN 1422-7630, lire en ligne, consulté le )
  3. « Le rachat du groupe laitier Préval : beaucoup de candidats mais peu de fonds... », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a b et c François Lemarchand, « L'âge d'or de l'Union laitière normande », Ouest France,‎ , p. 8 :

    « [...] En 1977, cependant, le rachat épineux de la société Préval, qui ne sera effectif qu'en 1984, provoque les premières lézardes de l'empire. [...] »

  5. Insee - Liste par secteur des principales concentrations réalisées dans l'industrie française : 1ᵉʳ semestre 1981 (pdf cf p7. Extrait : Les Échos du 29 août 1980 : « La beurrerie Préval de Vire ferme ses portes. C'était la 6ᵉ beurrerie française, elle avait produit l'an dernier 17 000 tonnes de beurre et emploie 180 salariés. »).
  6. « Les producteurs de lait de la société Préval s'opposent à une prise de contrôle par l'Union laitière normande », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « Pour un milliard de litres de lait de plus... », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « Les Producteurs de lait de Préval choisissent Besnier », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Claude Hurel, Hervé Battistoni et Raymond Boudier, La beurrerie Préval de Vire, 1936-1980 : naissance, vie et mort d'une laiterie dans le bocage virois au milieu du XXe siècle, Impr. Corlet. Comité des fêtes de Saint-Martin-de-Tallevende, , 205 p. (ISBN 2-85480-783-9 et 978-2-85480-783-7, OCLC 468348250)

Liens externes[modifier | modifier le code]