Lancement du projet Последний адрес – « Dernière adresse connue » en France

Lancement du projet Последний адрес – « Dernière adresse connue » en France

Le 25 septembre 2022 à 16 heures dans le cadre du projet Dernière adresse connue, dont ce sera la première action en France, aura lieu la cérémonie d’installation d’une plaque commémorative dédiée au général Miller, enlevé par des services secrets soviétiques. Elle sera apposée à son dernier domicile connu à l’adresse : 3bis, avenue Jean-Baptiste Clément à Boulogne-Billancourt.

Cet immeuble d’habitation à six étages a été construit en 1934 d’après le projet de l’architecte Léon Compoint. Le bâtiment en béton armé et brique, décoré par des frises sculptées en pierre est l’exemple d’un édifice populaire de la banlieue de Paris.


Le général russe Eugène Ludwig Karlovitch Miller (1867-1939) naît au sein d’une famille de la noblesse germano-balte dans la ville de Dvinsk (aujourd’hui Daugavpils en Lettonie). Très tôt, il se destine à la carrière des armes, rejoignant le corps des cadets, puis l’École de cavalerie de Saint-Pétersbourg. Diplômé de l’Académie d’état-major, il sert dans la Garde impériale Russe, tout en occupant des fonctions diplomatiques en tant qu’attaché militaire à Rome et à Bruxelles. Il participe à la Première Guerre mondiale comme général-major. 

Après la révolution bolchévique, il rallie l’Armée des volontaires, l’une des premières armées restées fidèles au Tsar, et commande les forces d’infanterie et de marine du front du Nord. 

Devant l’avancée des Bolcheviques, le général Miller quitte la Russie par Arkhangelsk en février 1920 à bord d’un navire. Après un court séjour dans un camp de réfugiés en Norvège, il s’installe avec sa famille à Paris où il s’investit dans la vie de l’émigration russe. En 1930, il prend la direction de l’Union générale des combattants russes, dite ROVS, la plus grande association de militaires de l’Armée Blanche, à la suite de l’enlèvement de son président, le général Alexandre P. Koutepov par les services secrets soviétiques. Cette union visait à promouvoir l’entraide et à assurer le soutien matériel de ses membres dans le besoin. Sans être affiliée à aucun parti, la ROVS se positionnait contre le pouvoir soviétique et les communistes de la Troisième Internationale.

Le 22 septembre 1937, le général Miller est à son tour enlevé par des agents secrets soviétiques. Transporté clandestinement jusqu’au Havre, il est embarqué de force sur le navire Maria Oulianova (du nom de la sœur de Lénine) et ramené en Union soviétique. Les autorités civiles et militaires françaises, soupçonnant le sort du général Miller, n’ont pas osé arrêter le navire dans les eaux internationales. Ainsi, le général blanc est acheminé jusqu’à la prison sinistre de la Loubianka à Moscou, le siège des services spéciaux soviétiques. 

Se souvenant du sort de son prédécesseur, le général Koutiepoff, enlevé à Paris en 1930, E. Miller a laissé un mot le jour de son enlèvement :

« J’ai aujourd’hui à 12h30 un rendez-vous avec le général Skobline à l’angle des rues Jasmin et Raffet et il doit me conduire à une entrevue avec un officier allemand, attaché militaire dans les pays baltes… (…) Cette entrevue est organisée à l’initiative de Skobline. C’est peut-être un piège, je vous laisse ce mot à tout hasard ».

Une enquête a établi le rôle du général Skobline dans l’enlèvement, il a été obligé de quitter la France. Seule sa femme, la chanteuse à succès, Nadejda Plevitskaya (elle aussi une agent soviétique), a été jugée à Paris et condamnée à 20 ans de travaux forcés. Elle meurt dans la prison de Rennes pendant la guerre.

À Moscou, dans la prison de la Loubianka, détenu pendant plus de 600 jours sous le faux nom de Piotr Ivanov, Miller a été totalement isolé, sans être l’objet d’une vraie enquête ni d’un véritable procès (le pouvoir soviétique ont toujours nié sa présence à Moscou). Le 11 mai 1937, il est condamné à mort par le Collège militaire de la Cour suprême de l’URSS et est fusillé le jour même à l’âge de 71 ans, puis incinéré et inhumé au cimetière Donskoï à Moscou. 

La veuve du général Miller, la petite-fille de Nathalie Pouchkine, est décédée en 1945. Leur fille Maria, épouse du recteur de la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, père Alexandre Tchékan a été une des figures importantes de l’émigration russe, particulièrement de l’Action chrétienne des étudiants russes (ACER).


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1 Comment

  1. […] La veuve du général Miller, la petite-fille de Nathalie Pouchkine, est décédée en 1945. Leur fille Maria, épouse du recteur de la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, père Alexandre Tchékan a été une des figures importantes de l’émigration russe, particulièrement de l’Action chrétienne des étudiants russes (ACER). Lien MEMORIAL en FRANCE […]

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