SOCIALLes 5 idées pour lutter contre la pauvreté qui émergent lors de la campagne

Présidentielle 2022 : Quelles sont les 5 idées pour lutter contre la pauvreté qui émergent lors de la campagne ?

SOCIALOuvrir le RSA aux jeunes, construire plus de logements sociaux, augmenter les minima sociaux… Les candidats avancent leurs pions
Une personne sans abri à Bordeaux, le 20 janvier 2022.
Une personne sans abri à Bordeaux, le 20 janvier 2022. - UGO AMEZ/SIPA / Pixpalace
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

L'essentiel

  • Le collectif Alerte, qui regroupe 33 associations luttant contre la pauvreté, a présenté jeudi dix propositions aux candidats à la présidentielle en vue d’un « quinquennat social ».
  • L’occasion pour 20 Minutes de passer au crible les mesures phares des candidats dans ce domaine.
  • Logement, aides sociales, emploi… Chacun y va de sa proposition.

Pour l’heure, la campagne présidentielle s’est davantage focalisée sur la sécurité que sur le social, mais cela pourrait changer. D’autant que selon l’Insee, 14,6 % de Français vivaient sous le seuil de pauvreté en 2020, avec un revenu inférieur à 1.063 euros par mois. Pour que le curseur soit davantage mis sur cette thématique, le collectif Alerte, regroupant 33 associations de lutte contre la pauvreté, a présenté ce jeudi ses propositions aux candidats à la présidentielle. L’occasion pour 20 Minutes de passer au crible les mesures pour lutter contre la pauvreté​ qui émergent lors de cette campagne.

Ouvrir le RSA aux jeunes

« Il faut ouvrir un minimum garanti pour tous à partir de 18 ans », plaide Véronique Devise, présidente du Secours Catholique et membre du collectif Alerte. Car actuellement, le Revenu de solidarité active (RSA) n’est accessible qu’aux personnes de plus de 25 ans. « Or, la crise sanitaire a mis en lumière la fragilité des jeunes. Particulièrement ceux qui sortent de l’aide sociale à l’enfance, les jeunes sans diplôme et les étudiants précaires », abonde Henri Simorre, représentant ATD Quart-Monde.

Des idées qui rejoignent celles de certains candidats. Le communiste Fabien Roussel s’est ainsi prononcé pour l’ouverture du RSA aux moins de 25 ans, tout comme la candidate PS Anne Hidalgo ou Jean Lassalle. L’écologiste Yannick Jadot, lui souhaite un « revenu citoyen » versé automatiquement à partir de 18 ans et « garantissant que personne ne vive avec moins de 918 euros par mois grâce à un revenu de base relevé à 740 euros cumulés avec les allocations logements et la prime d’activité ». Une proposition qui renvoie au « revenu universel » qu’avait défendu le candidat socialiste Benoît Hamon il y a cinq ans, et qui avait été jugé irréaliste par ses détracteurs. Quant à la candidate LR Valérie Pécresse, elle plaide pour un « revenu jeune actif » de 670 euros par mois pour les jeunes qui se formeront dans les métiers en tension.

Booster le logement social

Dans son dernier rapport sur le mal-logement, la Fondation Abbé-Pierre a décompté 300.000 personnes sans domicile, 4,1 millions de mal-logées et plus de 22.000 personnes vivant dans un logement de fortune (squat, bidonvilles…) Ce qui pousse le directeur des études de la Fondation et membre d’Alerte Manuel Domergue a lancé un nouveau cri d’alarme : « Il est urgent de relancer la production de logements sociaux pour arriver à 150.000 nouveaux logements sociaux écologiques chaque année. Et de faire mieux appliquer la loi SRU ».

Yannick Jadot et Anne Hidalgo s’inscrivent dans cette droite ligne avec le même objectif chiffré, et cette dernière souhaite qu’un tiers de ces nouveaux logements soient très sociaux. L’Insoumis Jean-Luc Mélenchon en propose 200.000 par an et souhaite agir contre les hausses de loyer à la relocation en logement social. Comme Yannick Jadot, il prévoit de rehausser le quota de logements sociaux dans les villes à 30 % (contre 20 % ou 25 % prévus aujourd’hui dans la loi SRU). De son côté, Marine Le Pen vise moins haut, avec une proposition de 100.000 constructions de logements sociaux par an, « dont 20.000 en faveur des étudiants et jeunes travailleurs ». Même si Emmanuel Macron n’a pas encore dévoilé tout son programme, son actuel ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, a déclaré que « les sanctions seront plus automatiques et plus dissuasives » pour les maires ne respectant pas la loi SRU. Valérie Pécresse souhaite instaurer une priorité au logement social pour les travailleurs de première ligne dans la commune où ils résident.

Augmenter les minima sociaux et les simplifier

Certes, pendant le quinquennat, le montant maximal de l’Allocation adulte handicapé (AAH) a été revalorisé de plus de 100 euros par mois. Mais elle est modulée à la baisse si la personne handicapée est en couple avec quelqu’un qui perçoit des revenus suffisants. Le minimum vieillesse, lui, a été revalorisé de 100 euros par mois pour un retraité modeste. Insuffisant pour Le collectif, qui souhaite aussi une revalorisation de l’AAH et de minimum vieillesse. « Nous demandons aussi une augmentation du RSA de 30 % dès le début du quinquennat, pour arriver à 900 euros par mois », ajoute Véronique Devise.

Si elle est élue, Anne Hidalgo fait aussi des promesses dans ce domaine : « Je mènerai à son terme l’individualisation de l’AAH ». Une idée que défendent aussi Valérie Pécresse, Nicolas Dupont-Aignan, Nathalie Arthaud et Jean Lassalle. La candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen, plaide, elle, pour revaloriser le minimum vieillesse afin de le porter à 1.000 euros (contre 906,81 par mois aujourd’hui). Nicolas Dupont-Aignan souhaite qu’il atteigne 1.060 et Nathalie Arthaud, la candidate de Lutte ouvrière, vise même 2.000 euros.

Concernant ces aides, le collectif Alerte a une autre revendication : « Nous appelons le prochain gouvernement à réfléchir à une fusion et une simplification des minima sociaux, via la mise en place du Revenu universel d’activité (RUA) », indique Véronique Devise. Il visait à fusionner « le plus grand nombre de prestations » pour simplifier la vie des allocataires et lutter contre le non-recours. Envisagé par Emmanuel Macron, il n’a pas été mis en place lors de ce quinquennat. Mais le président a évoqué son intention, s’il est réélu, de revenir à la charge.

Lutter contre la précarisation de l’emploi

Ubérisation du travail, temps partiel subi, recours abusif aux CDD… Les mauvaises conditions de travail sont bien souvent vectrices de pauvreté. D’où la volonté de plusieurs candidats de s’y attaquer. Jean-Luc Mélenchon veut ainsi instaurer un quota maximal de contrats précaires dans les entreprises : 10 % pour les petites et moyennes entreprises (PME) et 5 % pour les grandes entreprises. Anne Hidalgo souhaite de son côté lutter contre la précarisation des travailleurs « ubérisés » : « Je mettrai fin à la situation faite aux travailleurs des plateformes numériques, comme les livreurs, d’être des travailleurs indépendants alors qu’ils n’ont aucune maîtrise de leurs conditions de travail et de rémunération. La loi établira en leur faveur une présomption de salariat afin qu’ils accèdent à l’ensemble des droits des salariés (SMIC, protection sociale…) », déclare-t-elle dans son programme. Yannick Jadot veut quant à lui renforcer le CDI comme norme. Philippe Poutou, le candidat du NPA, veut « en finir avec l’ubérisation : pour chaque emploi, un vrai contrat, un vrai salaire », déclare-t-il dans son programme.

Soutenir les familles monoparentales

Selon l’Insee, en 2019, 33 % des familles monoparentales, en grande majorité des femmes, vivaient sous le seuil de pauvreté. Ce qui explique que certains des candidats pensent à elles. Dans son programme, Marine Le Pen déclare vouloir « doubler le soutien aux mères isolées élevant des enfants tout en renforçant les contrôles pour éviter les fraudes ». Quant à Eric Zemmour, le candidat de Reconquête !, il veut donner un accès prioritaire aux logements sociaux aux mères célibataires françaises et aux Français ayant un emploi. Et il reste encore un mois aux autres candidats pour avancer leurs idées…

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