Vue des deux élégants bâtiments de 1300m² du tout nouveau centre d’hébergement d’urgence de Toulon, baptisé L’Hestia. Crédit photo Pascal Rousse
Publié le 25.08.21 - Temps de lecture : 3 minutes

Au centre d’hébergement d’urgence de Périgueux, tout est pensé pour un accueil plus digne

À Périgueux au cœur du « quartier de Toulon », les chalets vieillissant et mobile-homes en fin de vie accueillant les sans-abris ont laissé place à deux élégants bâtiments de 1300m² : un centre d’hébergement d’urgence flambant neuf, bas carbone et construit sur le modèle de l’économie circulaire. Baptisé L’Hestia, il accueille aujourd’hui 62 personnes en situation précaire. Visite guidée.

« En découvrant les lieux, ils avaient du mal à y croire ». Quand Jean-Louis Reynal, qui co-préside avec René Le Goff l’association Halte 24, se remémore les premiers pas sur place des bénéficiaires du nouveau centre d’hébergement d’urgence de Périgueux, le constat est sans appel.  « Un espace privé, individualisé, pour ces anciens sans-abris, c’est déjà beaucoup ». Et le changement est de taille : depuis septembre 2020, deux bâtiments conçus spécialement pour répondre aux besoins de l’association d’aide aux personnes en situation d’urgence sont venus remplacer des mobile-homes et des chalets vieillissants, qui abritaient chacun jusqu’à trois personnes à la fois.

Ainsi est né le projet L’Hestia (du nom de la déesse grecque du foyer) : des infrastructures vieillissantes, menacées de fermetures malgré leur rôle crucial auprès des publics isolés, essentiel à la vie locale. « Notre association Halte 24 a décidé de reprendre le projet de ce centre d’accueil, mais à condition que les services de l’État acceptent le principe de nous aider dans le montage du projet ». Parcelle élargie, implication du maître d’ouvrage solidaire Soltdev, mobilisation de l’architecte Guillaume Hannoun, acquisition par le bailleur social Domofrance… le projet « visant à augmenter la sécurité et le confort » a pu réellement démarrer. Et c’est Nexity Non-Profit, organisme à but non-lucratif qui vise la création de 1.000 logements par an pour les personnes démunies, qui a dirigé les travaux. 

Vue des chalets vieillissant et mobile-homes en fin de vie qui accueillaient les sans-abris avant la construction de l'Hestia, centre d'hébergement d'urgence flambant neuf et bas carbone de Toulon.

Vue des chalets vieillissant et mobile-homes en fin de vie qui accueillaient les sans-abris avant la construction de l’Hestia.

Des anciens containers utilisés pour la structure

Des travaux menés en un temps réduit. En s’appuyant sur l’économie circulaire (à travers la réutilisation d’anciens containers maritimes pour la structure) et la construction hors-site, les deux bâtiments du centre d’hébergement d’urgence de Périgueux ont vu le jour en seulement 8 mois. Tout en respectant une trajectoire bas carbone : l’upcycling des containeurs, les parois en ossature bois issu de forêt certifiées et la laine de bois utilisée pour l’isolation lui octroient un bilan environnemental de haut standing.

« D’un point de vue de la finition architecturale, c’est assez bluffant également, confirme Jean-Louis Reynal. Quand on passe devant l’établissement, on n’a pas le sentiment de faire face à une sous-gamme de logement. C’était très important pour nous d’apporter cette dignité aux personnes que nous aidons ». Même constat de la part des élus ou des préfets qui s’intéressent au modèle développé à Périgueux : l’effet de surprise régulièrement constaté symbolise l’ambition développée à L’Hestia. Un modèle qui pourrait faire école auprès des collectivités, notamment dans le cadre de la loi SRU dans lesquelles s’inscrivent les pensions de familles et les centres d’hébergement. 

Vue depuis la cour intérieure après les travaux de construction de l'Hestia, centre d'hébergement d'urgence à Toulon, supervisés par le cabinet MOOn Architecture

Après les travaux de construction de l’Hestia, MOON Architectures, Périgueux, 7 septembre 2020. Crédit photographique : Axel Dahl

62 personnes hébergées

Près d’un an après son ouverture, le centre d’hébergement d’urgence affiche complet, malgré le doublement de sa capacité d’accueil. 62 personnes sont hébergées dans 46 logements. « Le fait d’avoir conçu deux bâtiments distincts nous permet d’accueillir des sans-abris, mais aussi des familles, des mères avec leurs enfants. C’est une nouveauté pour nous », détaille Jean-Louis Reynal. Deux bâtiments, c’est également deux cuisines, deux salles de restaurations, et des bureaux et salles de réunions pour aider les travailleurs sociaux dans leur mission au quotidien. Des espaces ouverts sur l’extérieur mais protégés de la pluie sont ménagés à chaque étage. Pensés comme zone de transition entre les chambres et les espaces partagés, ils correspondent très bien aux attentes de résidents qui souvent, ont vécu à la rue et sont eux-mêmes en pleine transition. « Les espaces extérieurs ont joué un rôle crucial pendant la période Covid, explique Jean-Louis Reynal. La question du confinement, pour des personnes habituées à vivre à l’extérieur créé énormément d’anxiété. »

Au-delà du cadre d’accueil, c’est le regard sur la différence qui a changé, grâce à ce nouveau centre. « L’accès à une parcelle plus importante a permis de gagner de l’espace, de gagner en acceptabilité auprès du voisinage, explique le co-président de Halte 24, association membre de la fédération des acteurs de la solidarité. L’environnement proche a également évolué, en réaménageant l’espace urbain pour rendre la circulation plus fluide ». De quoi rassurer les élus qui se penchent sur l’exemple de L’Hestia pour eux aussi, venir en aide aux populations locales : mieux hébergée, mieux accompagnés, les bénéficiaires de l’accueil d’urgence sont également mieux intégrés à la vie de la commune. Et deviennent finalement, des voisins « comme les autres ».

Crédit photographique de l’image de couverture : Pascal Rousse

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