Le souffle de Tehuantepec

Néo-colonial-isthme - Antoine Chao
Néo-colonial-isthme - Antoine Chao
Néo-colonial-isthme - Antoine Chao
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L'Isthme Tehuantepec est devenu le nouvel eldorado des grandes multinationales de l’énergie, dont EdF, qui verdissent leur image, en produisant de l’énergie « verte » au détriment des communautés autochtones qui sont délogées et spoliées de leurs territoires ancestraux

Cette semaine,  je rencontre deux représentants de la communauté Zapotèque, Andréa et Norberto, qui vivent à Union Hidalgo dans l’isthme de Tehuantepec au Mexique et se battent contre l’installation d’un 29 ème parc éolien dans ce secteur qui est réputé être le plus venteux du monde. EdF est assignée en justice au tribunal judiciaire de Paris, l’audience est prévue le 26 octobre, pour violation des droits fondamentaux de la communauté autochtone Zapotèque locale. C’est le collectif STOP EDF MEXIQUE qui a organisé la venue d’Andréa et Norberto en France, je les ai rencontré à Paris après une conférence à science Po  intitulée «  Colonialisme vert et transition énergétique : la face cachée du renouvelable industriel » et avant leur retour au Mexique. 

Pour rappel, 2021 marque l’anniversaire des 500 ans de la funeste invasion et colonisation du Mexique. Le 13 août 1521 Tenochtitlán (aujourd’hui Mexico) tombait sous le joug d’Hernán Cortés, début d’une longue soumission aux conquistadors. (cf Reporterre - Déclaration pour la vie les Zapatistes annoncent leur venue en Europe).

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Jusqu’à présent, la communauté autochtone n’a pas été effectivement consultée sur ce projet ce qui constitue une violation de ses droits. En conséquence, le 13 octobre 2020, l’organisation mexicaine de défense des droits de l’homme ProDESC et l’ European Center for Constitutional and Human Rights, ainsi que des représentants d’Unión Hidalgo, ont engagé une action en justice en vertu de la loi sur le devoir de vigilance française (cf Parc éolien au Mexique : EDF ignore les droits des peuples autochtones). L’objectif : exiger la prévention de nouvelles violations des droits fondamentaux de la communauté au consentement libre, informé et préalable (CLIP)ainsi que des risques graves pour leur intégrité physique en relation avec le projet de parc éolien d’EDF. 

Beatriz Millon  neocolonialismo

Le CCFD-Terre Solidaire, Sherpa, les Amis de la Terre France, qui plaident pour l’adoption de législations contraignantes relatives au respect des droits humains et de l’environnement par les entreprises, soutiennent les représentants d’Union Hidalgo, ProDESC et ECCHR dans cette démarche. En vertu du droit français ainsi que des normes internationales établies dans les Principes Directeurs de l’ONU et de l’OCDE, les entreprises ont l’obligation de respecter les droits humains dans toutes leurs activités, tout au long de leur chaîne de valeur. Cela inclut également les violations des droits humains découlant des activités de leurs sous-traitants ou leurs fournisseurs. Cependant, dans le cas du parc éolien de Gunaa Sicarú, EDF n’a pas pris les mesures raisonnables appropriées permettant d’identifier les risques que ses activités font peser en matière de respect des droits humains et n’a pas mis en œuvre de mesures pour protéger les droits des populations autochtones, notamment en ce qui concerne leur droit au CLIP à être consultées, tel que garanti par le droit international. Par conséquent, EDF doit prendre ses responsabilités en cas de violation de ces droits, conformément à la loi française relative au devoir de vigilance adoptée en 2017. Même si le parc éolien aborde le sujet crucial du changement climatique, cela ne devrait jamais se faire au détriment des droits humains. Les entreprises doivent respecter les droits humains, y compris les droits spécifiques des populations autochtones, dans chacune de leurs activités. La participation d’autres acteurs à l’opération qu’il s’agisse d’autres entreprises en tant que sous-traitants ou même des autorités de l’État ne les libère pas de cette responsabilité. cf Mediapart -Jade Lindgaard.

Lire : 

Voir : 

Merci à José Arenas pour les archives : La otra radio - Union Hidalgo - Un média alternatif et combatif  - émission   

Les zapotèques se nomment binnizá, ( gens qui proviennent des nuages , binni, gens; zá, nuage). 

La voix du Jaguar : Union-Hidalgo-isthme-de-Tehuantepec-Des-visages-et-des-murs

Istmeño, le vent de la révolte, un film documentaire et un livre de Alèssi Dell'Umbria

Voix traduction :  Emmanuelle Veïn et Pierrick Bonjean

Musique générique : Ladaniva - sample de   Vay Aman et André Minvielle

Réalisation: Khoi Nguyen

L'équipe

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