Ursula von der Leyen revient sur le "Sofagate" : "C'est arrivé parce que je suis une femme"

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Ursula von der Leyen revient sur le "Sofagate" : "C'est arrivé parce que je suis une femme"

Ursula von der Leyen devant le Parlement européen le 27 avril 2021
Ursula von der Leyen devant le Parlement européen le 27 avril 2021
© AFP - John Thys

Au Parlement européen à Bruxelles, Ursula von der Leyen a fait part de ses griefs contre l'attitude de Charles Michel à Ankara, devant le président Erdogan, tout en dénonçant le retrait de la Turquie de la Convention d'Istanbul, pour les droits des femmes.

L'affaire avait fait grand bruit diplomatique le 6 avril dernier. Lors d'une visite à Ankara du président du Conseil européen et de la présidente de la Commission, le président Recep Tayyip Erdogan avait dialogué durant deux heures avec Charles Michel, alors qu'Ursula von der Leyen était cantonnée, en retrait, sur un divan à part. Cette mise à l'écart que Charles Michel n'a pas tenté de faire rectifier durant la séance, a révélé une faute protocolaire à mettre à la charge des Européens, tout en déclenchant un déluge de critiques contre la Turquie. 

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen est revenue sur le sujet ce lundi lors d'un débat au Parlement européen. "Je me suis sentie blessée et je me suis sentie seule en tant que femme et en tant qu'Européenne", a-t-elle lancé à l'adresse du président du Conseil Européen Charles Michel, accusé de ne pas avoir réagi.

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Ursula von der Leyen a demandé aux dirigeants européens d'exiger de la Turquie le respect des droits des femmes comme "préalable à la reprise des relations" avec Ankara.  

"Je suis la première femme présidente de la Commission européenne et je souhaite être traitée comme présidente de la Commission. À Ankara, cela n'a pas été le cas et c'est arrivé parce que je suis une femme"

Ursula von der Leyen a lié cet incident avec la décision du président Erdogan de retirer la Turquie de la Convention d'Istanbul, qualifiée de "signal terrible". La présidente de la Commission européenne a appelé à cette occasion les États membres de l'UE à ratifier cette convention, car "les violences faites aux femmes et aux enfants sont un crime et il doit être puni" : "Le respect des droits des femmes doit être un préalable à la reprise du dialogue avec la Turquie, mais il est loin d'être le seul préalable", a-t-elle affirmé. 

La coopération avec la Turquie "difficile à envisager"

Les dirigeants de l'UE doivent décider, lors d'un sommet en juin, des suites à donner à la relation avec la Turquie. Le président du Conseil a rappelé que la reprise des relations avec Ankara sera progressive et réversible. "La coopération sera difficile à envisager si les mesures négatives doivent se poursuivre dans ces domaines", a-t-il averti. 

Le comportement de Charles Michel à Ankara a été sévèrement jugé lors du débat. Mais les élus ont également manifesté leur préoccupation devant l'antagonisme entre les présidents de deux institutions. "La mission à Ankara devait être un message de force. Elle a été celui de la faiblesse", a déploré l'Allemand Manfred Weber, le chef du groupe du Parti Populaire européen (droite pro-européenne). 

"La préséance ne m'intéresse pas", a pour sa part lancé l'eurodéputée libérale française Nathalie Loiseau (Renew), dénonçant les violations des droits humains commises en Turquie et les actions "inamicales" d'Ankara vis-à-vis des membre de l'UE. "L'Europe ne doit pas se demander où elle doit s'asseoir, mais comment se tenir debout", a-t-elle affirmé.

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