IA : entre innovations et besoins de compétences, un enjeu de compétitivité

Respectivement 52% et 48% des entreprises françaises citent le manque de compétences au sein des équipes en place et des difficultés de recrutement comme premiers freins à l'adoption de l'IA.

Malgré les débats qui entourent l'intelligence artificielle, nombre d'organisations ont pris conscience de son potentiel. En France, selon le rapport "State of Play of Artificial Intelligence" de la Commission Européenne, l'investissement dans les solutions d'IA est même particulièrement marqué au sein des PME. Mais dans un marché mondial en expansion, l'adoption des technologies d'IA reste en retrait sur notre territoire. Quels sont les freins ? Qui sont les humains derrière l'IA ?

Quels sont aujourd’hui les principaux secteurs utilisateurs de l’IA ?  

Le secteur natif des technologies de l’information (IT) est le plus avancé en matière d’adoption (63% des acteurs du secteur utilisent déjà au moins une technologie liée à l’IA*), mais on retrouve déjà l’IA dans de nombreux secteurs, avec en tête l’industrie, le secteur de la Santé ou encore celui de la Finance et des Assurances.  

Au niveau européen, ce sont avant tout les grandes entreprises qui adoptent l’IA (leaders de l’industrie automobile, des services financiers ou encore des télécommunications), selon le rapport "AI Talent in the European Labour Market" de Linkedin. Mais en France, conscientes de l’atout compétitif qu’elles apportent, les PME sont aujourd’hui les entreprises qui investissent le plus dans les solutions d’IA (49%), devant les entreprises de taille intermédiaire et les groupes (40%). 

Car si l’IA renvoie parfois à une idée proche de la science-fiction, elle est en réalité d’ores et déjà omniprésente dans nombre d’entreprises françaises, quelles que soient leur taille ou leurs activités. Détection automatique d’anomalies sur une chaîne de production ou au sein d’un logiciel de comptabilité, formulation d’offres marketing personnalisées, automatisation des tâches et robotisation dans l’industrie et au niveau de la chaîne logistique, étude prédictive de prix et aide à la décision pour optimiser les processus achats, solutions autonomes pour des utilisations en médecine... Les exemples ne manquent pas. La R&D, ainsi que l’optimisation des processus favorisée par l’IA, génèrent des gains de compétitivité aujourd’hui essentiels dans un contexte mondialisé hautement concurrentiel. 

Qui sont les humains derrière l’IA ? Quel marché des talents d’ici 5 ans ?

L’un des défis réside dans l’identification et l’acquisition des compétences liées à l’IA. Aujourd’hui, respectivement 52% et 48% des entreprises françaises citent le manque de compétences au sein des équipes en place et des difficultés de recrutement* comme premiers freins à l’adoption de l’IA selon un rapport de la Commission Européenne. Des réalités auxquelles les TPE et PME souffrant d’un manque de notoriété ou de visibilité sont particulièrement exposées.  

Et pour cause, les compétences techniques en jeu, de la programmation à la modélisation en passant par le cloud computing, sont des compétences IT rares et difficiles à recruter. Sans compter qu'au-delà de ces expertises, les entreprises ont besoin de candidats dotés d’une réelle compréhension business, communicants et agiles, à même de faire le lien avec l’environnement opérationnel pour lequel ils développent des solutions. 

La difficulté est qu’il existe une pluralité de besoins de compétences en lien avec l’IA, qui varient selon la taille d’entreprise, le secteur d’activité, la maturité technologique et même le rattachement de l’expertise, à la direction marketing ou à la DSI. Par ailleurs, les besoins de compétences ne sont pas exclusivement technologiques mais pluridisciplinaires (marketing, statistique, éthique, management, projet...) ce qui complexifie les recrutements.  

Les rémunérations des métiers de l’IA et de la data, déjà situées dans la fourchette haute des salaires d’entrée sur les métiers IT, sont favorisées par la rareté de profils expérimentés que s’arrachent les entreprises dont les objectifs de développement se rencontrent. 

C'est pourquoi l’enjeu est de former au plus vite les professionnels de demain, et de recruter dès aujourd’hui les compétences (y compris en sciences sociales pour couvrir le champ éthique de l’IA) qui viendront soutenir et favoriser le développement de l’IA.   

*Source : Commission Européenne, European enterprise survey on the use of technologies based on artificial intelligence