L'édito de la rédaction : ONEM, le choix des mots

L'édito de la rédaction : ONEM, le choix des mots

Depuis une semaine on parle beaucoup de l’éventuelle fermeture des bureaux de l’Onem de Mouscron et de Tournai. Entre syndicats qui dénoncent et Onem qui se veut rassurant, difficile de se faire une opinion, c’est l’objet de l’édito de la semaine.

Le 30 août dernier, la CGSP tire la sonnette d’alarme, l’Onem envisagerait de supprimer ses bureaux de Mouscron et de Tournai. Le syndicat craint que la mise en application de ce plan de restructuration oblige des bénéficiaires à se rendre à Mons.

L’Onem réfute ces accusations, un projet de réorganisation des bureaux du chômage est effectivement en cours d’analyse mais les 30 bureaux actuels resteront bel et bien ouverts.

Qui croire alors ? Dans cette affaire, le choix des mots utilisés est évidemment lourd de sens.
Côté syndical, l’expérience a bien souvent montré que lorsque l’on entend réorganisation il faut comprendre restructuration et donc une telle annonce fait passer tous les signaux à l’orange et provoque une montée au créneau. D’autant que d’autres signes inquiétants ont été observés: il se dit que le bâtiment qui abrite les bureaux de l’Onem de Mouscron est en vente et que l’Onem envisage par ailleurs de sérieusement dégraisser ses effectifs d’ici 2027.

Du côté de l’Onem, quand on dit qu’aucun des 30 bureaux ne fermera, il faut nuancer. 14 de ces bureaux – dont Tournai et Mouscron - deviendront des antennes ce qui signifie, c’est l’Onem qui le dit, « un lieu à usage limité (quelques journées ou demi-journées par semaine) dont les heures d’ouverture seront déterminées en fonction du nombre de rendez-vous et d’auditions à organiser. Une antenne n’est pas un bureau du chômage. Le local dans lequel elle est établie peut être un bâtiment de l’ONEM, mais, à terme, il s’agira probablement d’un autre lieu d’implantation. » Bref, on connaissait la Poste et le point poste, il y aura désormais l’Onem et le point Onem.

Mais au-delà de l’analyse sémantique, à quoi faut-il s’attendre ? Pour les bénéficiaires des services de l’Onem, certaines démarches – pas toutes – risquent de nécessiter à un moment ou à un autre un déplacement à Mons, pas idéal quand on vit à Comines, Mouscron ou Tournai. D’autant que ces personnes sont souvent confrontées à des problèmes de mobilité. L’Onem veut également favoriser le recours au canal numérique, sa clientèle ne s’y sent pas forcément à l’aise. Pour les employés de l’Onem, cette réorganisation ou restructuration, c’est vous qui voyez, nécessitera des mutations, et ce n’est pas forcément une bonne nouvelle.

En conclusion soyons clairs : les responsables de l’Onem n’ont d’autre choix que de prendre ces décisions puisque comme ils le disent eux-mêmes, je cite :  « le but de cette restructuration est d’augmenter l'efficacité et la productivité dans le contexte des restrictions budgétaires cumulées au sein de toute la fonction publique ». On peut comprendre que pour faire passer un tel message et le rendre moins abrupt ils usent d’artifices oratoires.

Par contre, aucune figure de style ne permettra d’accréditer la thèse que moins de moyens, moins d’heures d’ouverture et moins d’agents permettront un meilleur service aux utilisateurs, en ce domaine la réthorique ne résiste pas souvent à la pratique.