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Elvis : un biopic brillant

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Par Etienne Dombret

A l'occasion du premier Rock & Roll Movie Day de Classic 21 ce 19 novembre au Plaza à Mons, nous vous proposons de revivre le superbe biopic du King réalisé par Baz Luhrmann, ainsi qu'un film avec Elvis lui-même, le cultissime Jailhouse Rock. Retour sur le film Elvis, sorti cette année en 2022.

Sans tomber dans les connaissances encyclopédiques de Peter Guralnick, auteur de l’ouvrage de référence Last Train to Memphis, le film de Baz Luhrmann est plus que convaincant, c’est un hommage haut en couleur de la première véritable icône rock, et une fresque qui dépeint l’Amérique depuis la naissance du King à sa disparition tragique en août 1977. Difficile pour le réalisateur de Moulin Rouge, Roméo + Juliette, etc. de survoler la vie de cette icône en étant exhaustif, 45 ans après sa mort, avec une vie déjà largement documentée dans de nombreuses œuvres.

 

C’est l’une des premières fois qu’Elvis Presley y est clairement exposé en tant qu’ambassadeur de la culture Noire. Elvis, bien avant d’enregistrer le 5 juillet 1954 la reprise d’Arthur Crudup "That’s alright mama ", s’habillait comme les noirs, buvait dans leurs fontaines (nous sommes dans un sud étouffé par la ségrégation raciale) et écoutera autant de Gospel, Blues, Rythm & Blues que de Country Music ou du Hillbilly.

© Classic 21

C’est la fusion de tous ces styles qui va le transfigurer : le timide adolescent devient alors une bête de scène, incarnant le diable pour la plupart des adultes américains de l’époque.

Est-ce à dire qu’Elvis a inventé le Rock’n Roll ? Ce serait renier bien d’autres artistes qui ont abordé ce style auparavant sans trop le savoir, mais c’est indéniablement Elvis qui a été et reste son meilleur ambassadeur.

Raconté par le " colonel " Parker (incarné ici brillamment par Tom Hanks, méconnaissable), le film place les relations humaines au centre de l’intrigue. Si la première heure défile à une allure déconcertante, le reste du film prend le temps de développer la relation entre le manager véreux -mais parfois attendrissant- et son artiste : Confiance, abus, contrainte, amour-haine…

Parker, empêché par ses antécédents judiciaires cachés, a propulsé Elvis au-devant de la scène mondiale, mais c’est lui qui va lentement galvauder le talent de l’artiste pour n’en faire qu’un objet de consommation.

L’acteur Austin Butler s’impose ici avec charisme, que ce soit lors des prestations scéniques flamboyantes ou dans la solitude de sa vie privée décousue, et ce n’est pas simple quand on s’attaque à pareil personnage.

Sujet non-tabou dans le film, l’utilisation de drogues (parfois oubliée dans les biographies d’Elvis) est ici assumée, et était déjà pratiquée par les artistes dans les années 50 (notez l’overdose d’Hank Williams en 1951), leur permettant d’enchaîner les concerts à un rythme effréné qu’un artiste actuel ne pourrait tenir. Viendront ensuite un cocktail de médicament permettant au King de supporter sa déchéance, son embonpoint, sa vie amoureuse chaotique et l’estompement progressif de l’hystérie que provoquaient ses prestations scéniques, qui vont lui créer un manque, un gouffre.

On regrettera peut-être que Scotty Moore (guitariste des débuts et de retour sur scène en 1968 pour le Comeback Special) ne soit pas plus mis en avant, c’est lui et Sam Phillips (le patron de Sun Studios) qui vont dénicher ce diamant brut que le "Colonel" Parker éclairera ensuite de mille feux, allant jusqu’à le brûler.

Va-t-on revivre un phénomène similaire au biopic Bohemian Rhapsody avec ce film ?

C’est le public qui décidera, comme toujours, mais une chose est certaine : Elvis sera au centre des conversations et générera des commentaires sur les réseaux sociaux ces prochains jours… et restera l’artiste solo ayant vendu le plus grand nombre d’albums au monde, tous styles confondus.

Une des qualités de ce film est de ne pas se concentrer sur les errances de l’artiste au cinéma, mais d’insister sur son immense talent d’interprète qui fait de lui la plus grande icône de la pop culture.

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