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Fusillade à Chicago : quelles étaient les motivations du tireur ?

© Belga Images – RTBF

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Par Daphné Fanon

Le tireur qui a tué sept personnes lundi lors du défilé du 4 juillet près de Chicago avait, selon la police, préparé son attaque "pendant des semaines". Sur ses réseaux sociaux, le suspect publiait d’ailleurs du contenu d’une extrême violence, qui laissait entrevoir la haine qui l’habitait. Depuis son arrestation, ses comptes Instagram, YouTube, Discord et Spotify, ont été supprimés.

Robert Crimo a été arrêté lundi par la police et est inculpé pour sept meurtres. Il n’a pas souhaité s’exprimer sur son acte. Cependant, plusieurs indices de son comportement violent avaient été dispersés un peu partout sur le net. Sur les différentes plateformes médiatiques qu’il alimentait, le jeune homme de 21 ans publiait du contenu à caractère haineux et violent, ayant pu laisser transparaître ses motivations.

En 2019, un rapport sur le traitement médiatique dans le cadre de tueries de masse réalisé par l’Institut National de la Santé Publique du Québec stipule : "L’auteur d’une tuerie de masse prépare des écrits dans lesquels il tente d’insérer son acte dans un continuum rationnel, en décrivant son projet comme un geste ou une mission à inscrire dans une idéologie ou un mouvement."

Et justement, Robert Crimo, qui s’exprimait notamment via sa chaîne YouTube, publiait régulièrement du contenu d’une extrême violence. Sur certaines de ces vidéos, on pouvait notamment apercevoir des scènes de fusillade, où le protagoniste de l’une de ces vidéos tire au fusil sur des personnes, avant de se trouver lui-même couché dans une flaque de sang, abattu par la police.

Dans une autre vidéo, repérée par le Washington Post, il disait "détester quand les autres attirent davantage l’attention que (lui) sur internet."

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Le suspect possédait également un compte Spotify. Sous le pseudonyme "Awake the rapper," il publiait des chansons de rap. L’une d’entre elles, intitulée "Are You Awake" et publiée en octobre 2021, évoquait son souhait de planifier un acte "déterminant", qu’il n’était pas en mesure de stopper. Il chantait : "J’ai besoin de tout simplement le faire […] C’est mon destin. Tout m’a mené à cela. Rien ne peut m’arrêter, pas même moi-même."

Sur son compte Twitter, désormais bloqué, il avait également publié un dessin modifié de "Pepe la grenouille" - personnage devenu un symbole de ralliement de l’extrême droite américaine – ainsi qu’une photo, le montrant avec un drapeau pro Trump autour des épaules.

L'état de la santé mentale du jeune homme était vraisemblablement préoccupante. Selon une source policière, relayée par France24, Robert Crimo "avait fait une tentative de suicide en avril 2019." Ajoutant par ailleurs que "des agents étaient intervenus au domicile familial après un signalement prévenant qu'il allait tuer tout le monde. La police avait alors saisi 16 couteaux, une dague et une épée."

Selon les informations de la police locale, le tireur avait préparé son attaque "pendant des semaines" et s’est déguisé en femme pour ne pas être identifié. Robert Crimo a par ailleurs utilisé un "fusil puissant", qui semble avoir été acheté de manière légale au défilé. Il a vraisemblablement tiré au hasard sur les participants du haut du toit d’un commerce.

Les enjeux de la médiatisation des tueries de masse

Des informations qui corroborent avec l’étude menée par l’INSPQ, stipulant que "Dans la grande majorité des cas, ce geste est planifié et réfléchi." Les raisons menant une personne à commettre un geste violent, telle une tuerie ou un attentat, ne peuvent pas se limiter à un facteur. Les causes sont généralement complexes et multifactorielles. Ainsi, les raisons qui ont poussé Crimo à passer à l'acte sont certainement nombreuses et sont, à l'heure actuelle, encore inconnues.

Toujours selon le rapport de l’Institut National de la Santé Publique du Québec : "À la recherche de notoriété, l’auteur d’une tuerie de masse laisse la plupart du temps derrière lui un véritable plan de communication à l’intention des médias, et ce, dans l’optique d’influencer la manière dont la nouvelle rapportant son crime sera construite."

Dans le cadre de tels attentats, il paraît donc évident que l’enjeu de la médiatisation et de la modération des réseaux sociaux est crucial. Raison pour laquelle Facebook, Instagram, Twitter et Youtube ont fermé les comptes du présumé coupable.

Car bien qu’une tuerie représente un évènement d’intérêt public et mérite de se retrouver dans l’actualité, il faut être vigilant a ne pas faire la publicité de l’auteur et de ses idéaux.

Rappelons également que s’il est reconnu coupable, Robert Crimo, 21 ans, pourrait être condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle, a affirmé Eric Rinehart, procureur du comté de Lake. "Ce ne sont que les premiers des nombreux chefs d’inculpation qui seront retenus contre M. Crimo", a-t-il ajouté.

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