Journal du Rock

Le patron de Spotify défend l’accord avec Joe Rogan sans soutenir ses propos polémiques

Daniel Ek

©  Drew Angerer/Getty Images

Temps de lecture
Par Belga/Classic 21

Le PDG de Spotify, Daniel Ek, a défendu devant ses employés l’accord d’exclusivité conclu avec l’animateur controversé Joe Rogan, crucial selon lui pour son service de streaming, tout en soulignant qu’il était en désaccord avec ce dernier sur "plein de choses".

Ces commentaires du patron de Spotify ont été publiés jeudi au moment où l’action continuait à dévisser à Wall Street, dans la foulée de prévisions jugées décevantes, mais aussi de la polémique autour du podcast de Joe Rogan, accusé par certains de désinformation sur le Covid.

Daniel Ek s’est adressé à ses employés "déçus ou en colère" contre les propos de Joe Rogan, assurant que Spotify avait beau avoir signé un contrat d’exclusivité – d’un montant estimé à 100 millions de dollars -, la plateforme n’avait pas pour autant de "contrôle éditorial" sur le podcast.

"Il y a plein de choses que Joe Rogan dit avec lesquelles je ne suis pas du tout d’accord et que je trouve très offensantes", a-t-il affirmé, d’après une retranscription de la réunion publiée par le site The Verge.

"Nous ne validons pas ses invités à l’avance et nous avons son contenu lorsqu’il le publie […] Si ce contenu enfreint nos règles, nous mettons en œuvre les actions appropriées", poursuit le fondateur de Spotify, soulignant qu'"il y a un certain nombre d’épisodes de Joe Rogan que vous ne trouverez pas sur Spotify" pour cette raison.

Le podcast compte 11 millions d’abonnés, ce qui en fait le numéro un mondial pour la plateforme.

Joe Rogan est accusé d’avoir découragé la vaccination chez les jeunes et d’avoir poussé à l’utilisation d’un traitement non autorisé, l’ivermectine, contre le coronavirus.

Plus de 200 professionnels de santé américains avaient récemment tiré la sonnette d’alarme après qu’il eut reçu dans son émission un médecin très apprécié des anti-vaccins, Robert Malone.

De son côté, l’artiste américano-canadien Neil Young a protesté en demandant que Spotify retire toute sa musique, rapidement rejoint par ses anciens complices Crosby, Stills et Nash, ainsi que par la chanteuse Joni Mitchell, aboutissant à un mouvement de désabonnement à Spotify sur les réseaux sociaux.

Dautres artistes ont aussi polémiqué sur le sujet, comme Sebastian Bach (ex-Skid Row) et David Draiman de Disturbed. Dans la foulée, vous n’y trouverez plus non plus la musique de Janis Joplin, Stewart Lee et de Failure.

Pour tenter d’éteindre l’incendie, Spotify a annoncé des mesures telles que l’introduction, dans tous ses podcasts évoquant le Covid, de liens qui guideront ses utilisateurs vers des informations factuelles et scientifiquement sourcées.

Il n’est pour l’heure pas question de déprogrammer le talk-show de Joe Rogan.

"Il y a un peu plus d’un an, Joe n’était même pas présent sur notre plateforme, mais malgré cela, il était depuis longtemps l’un des podcasts les plus recherchés par les utilisateurs de Spotify", a déclaré Daniel Ek.

De son côté, Joe Rogan a réagi récemment via une vidéo : "Je ne suis pas toujours tout. Je ferai de mon mieux pour essayer d’équilibrer ces points de vue plus controversés avec ceux d’autres personnes afin que nous puissions peut-être avoir une meilleure vision des choses."

A propos du départ de Joni Mitchell et de Neil Young, il ajoute : "Je suis désolée qu’ils réagissent comme cela. Ce n’est certainement pas ce que je voulais. Je suis fan de Neil Young, je l’ai toujours été."

Il s’adresse ensuite directement à Spotify : "Je n’essaye pas de susciter la controverse. Je ferai de mon mieux à l’avenir pour équilibrer les choses… Si je vous ai énervé, veuillez m’en excuser."

Pour l’anecdote, le magazine Rolling Stones a même partagé une histoire qui relie Joe Rogan à Neil Young. En 1986, et alors qu’il n''avait encore que 19 ans, Joe Rogan avait été garde de sécurité lors d’un concert de Neil Young dans le Massachussetts. Il avait d’ailleurs été licencié suite à un feu de joie et un mouvement d’agitation de la foule qu’il n’avait pas pu endiguer.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous