Les 25 ans de "Mellon Collie…" des Smashing Pumpkins

Les 25 ans de "Mellon Collie..." de Smashing Pumpkins

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Par Laurent Rieppi

Mellon Collie and the Infinite Sadness est le troisième album des Smashing Pumpkins, il est sorti le 24 octobre 1995. Un album très ambitieux pour le groupe et particulièrement pour son leader incontestable, Billy Corgan.

Un projet ambitieux… et risqué

Mellon Collie… suit d’un peu plus de deux ans la sortie de Siamese Dream, un album qui avait permis de faire passer les Smashing Pumpkins du statut de jeune groupe qui démarre à celui de superstar des chars internationaux. Ce succès, les Smashing Pumpkins le devaient en partie à la présence de deux futurs classiques sur cet album : "Today" et l’inoubliable "Disarm".

Mellon Collie and the Infinite Sadness est un album ambitieux à plus d’un égard et notamment pour son format.

En effet, il s’agit d’un double album, format qui représente toujours un pari risqué.

Cette ambition, Billy Corgan la précisera lors d’une interview au Addicted to Noise magazine à la sortie de l’album. Il dira ceci :

"L’idée initiale du groupe était, d’une façon générale, de repousser les limites, les barrières… Quand nous sommes sur scène, on essaye de faire évoluer la structure de nos titres, de changer la façon de jouer en concert, avec nos clips vidéo, nous avons le même concept. Pour nous, il est donc naturel de sortir un album qui repousse les frontières. La première réaction des gens a été : ‘mais enfin, pourquoi faire ça, c’est complètement dépassé, ça fait complètement années 70 et on est en 1995’. Et en fait, c’est tout à fait ce qu’on veut faire, comme dans les 70’s. Les gens aujourd’hui ne veulent plus faire l’effort de réexaminer ce qui fait l’essence même d’un album".

La volonté du groupe est véritablement d’aller à contre-courant de ce qui se fait à l’époque…

 

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Répétitions et enregistrement

C’est en février 1995 que les Smashing Pumpkins commencent à travailler sur l’album Mellon Collie and the Infinite Sadness qui nous occupe cette semaine.

Les Smashing Pumpkins répètent dans la région de Chicago, d’où le groupe est originaire.

Pour tester les titres de l’album après avoir bien répété et avant d’entrer en studios, les Smashing vont organiser 4 concerts très intimistes au Double Door Club, un club branché de Chicago.

En mars 1995, le groupe se rend dans différents studios de Chicago, dont le Chicago Recording studio, studio mythique dans lequel Michael Jackson, Sting, les Red Hot Chili Peppers, Cure, Carole King ou encore Coldplay enregistreront à plusieurs reprises.

Si c’est Butch Vig qui avait produit l’album précédent – Siamese Dream (Vig qui avait produit le Nevermind de Nirvana) – cette fois ce seront Flood et Alan Moulder qui s’occuperont de la production.

Le choix de Flood semble être évident pour le groupe. Billy Corgan et le guitariste James Iha apprécient particulièrement le travail que Flood a réalisé pour Depeche Mode, My Bloody Valentine ou encore U2.

Des sessions… "divisées"

Le studio – durant l’enregistrement de Mellon Collie - est divisé en deux parties. Alan Moulder et James Iha occupent une partie du studio tandis que Billy Corgan et Flood occupent l’autre.

Cette idée de séparation de studio n’est pas "innocente". Il s’agit en fait d’une idée de Moulder et de Flood, idée mise en place pour éviter les conflits et les guerres d’ego entre Corgan et Iha.

En effet, l’ambiance au sein du groupe est très loin d’être calme. Il y a beaucoup de tensions et cette séparation "physique" en studio permettra d’éviter de nombreux conflits.

L’enregistrement en lui-même est un métissage de technologie analogique et digitale.

L’album est enregistré à l’aide d’une console 24 pistes analogiques (pour conserver un aspect "vintage"), console à laquelle seront couplées 16 pistes supplémentaires sur ProTools.

Ce métissage d’anciennes et de nouvelles technologies correspond parfaitement à l’optique et à l’éthique des Smashing Pumpkins qui n’hésitent pas à utiliser un Mellotron pendant l’enregistrement par exemple.

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Un concept album ?

Même si Corgan n’appréciera pas que l’on classifie l’album dans le rayon des albums concepts, il nous livre ici un album qu’il définira lui-même comme le "The Wall de la génération X". Bon, on peut se dire qu’il faut avoir une fameuse confiance en son œuvre pour déclarer ça, mais on le sait Corgan voit les choses en grand… très grand.

Tout comme "The Wall", l’œuvre de Corgan a un côté très introspectif, Corgan fouille dans son propre passé, dans ses propres sentiments, ressentiments, peurs et angoisses.

A la sortie de l’album en 1995, Billy Corgan se confiera au Chicago Tribune, il avait à l’époque 28 ans :

"L’album est écrit pour les jeunes qui ont entre 14 et 24 ans, parce que c’est vraiment à cet âge-là qu’on prend la peine d’écouter attentivement la musique. L’album ne sera absolument pas compris par les critiques de plus de 30 ans. Je n’écris pas pour eux, même si je suis sur le point moi-même de perdre ma connexion avec ma jeunesse, comme toutes personnes qui ont la in de vingtaine, on se marie, on achète une maison, et les choses importantes de la vie changent. Mais je veux véritablement communiquer avec les jeunes, être un écho de cette génération, et résumer toutes ces choses que j’ai ressenties quand j’étais jeune et que je n’ai jamais eu l’occasion d’exprimer autrement".

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1979

C’est sur Mellon Collie and the Infinite Sadness que l’on retrouve le grand classique des Smashing Pumpkins : "1979".

Comme c’est souvent le cas dans l’histoire des tubes de l’histoire du rock, "1979" sera le tout dernier titre à être enregistré lors des sessions d’enregistrement.

En fait, Billy Corgan n’arrivait pas à trouver le son idéal pour ce morceau. La compo était bonne, mais le tout sonnait un peu trop bluesy, ce n’était pas franchement original et il manquait quelque chose à ce morceau pour qu’il sorte du lot.

Au dernier moment, Corgan va donc le modifier et lui apporter quelques touches de diverses influences. On y retrouvera ainsi un peu de Can, le groupe allemand de Krautrock, mais aussi un peu de New Order, voire un peu de Sonic Youth… La composition originale, très blues, un peu à la Stones, se transforme donc ici en ce titre extrêmement riche et aux sonorités nouvelles pour l’époque.

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Pari réussi !

Mellon Collie and the Infinite Sadness est un double album, et la production d’un tel format est souvent onéreuse. De par ce long format, parfois moins accessible, les ventes ne suivent pas toujours. Heureusement, dans ce cas-ci, l’album va connaître un très grand succès.

Aux Etats-Unis, Mellon Collie and the Infinite Sadness se classera à la première place des charts. En Angleterre, il grimpera à la quatrième et chez nous, en Belgique, à la seconde.

Aujourd’hui, on estime que l’album s’est vendu à plus de 5 millions de copies à travers le monde.

Malgré la crainte de mauvaises réactions de la part des critiques rock formulées par Corgan à la sortie de l’album, celles-ci seront généralement très positives.

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