Le 25 avril a été choisi comme journée internationale de l’aliénation parentale.
Nous, intervenant.es de terrain et associations de lutte contre les violences conjugales et post-séparation, constatons qu’en cas d’inceste, de violence conjugale ou post-séparation, les comportements du parent protecteur (souvent la mère) sont perçus comme étant aliénants, c’est-à-dire comme étant des comportements qui visent à instrumentaliser l’enfant.
Il est également constaté que les intervenant.es reprenant le discours autour de l’aliénation parentale ne vont jamais parler de violence conjugale mais de "conflit de séparation", ce qui a comme conséquences de banaliser, minimiser voire invisibiliser les violences.
Cette théorie est appelée "Syndrome d’Aliénation Parentale" (SAP) et a été inventée par Richard Gardner dans les années 80. Ce concept anti-victimaire n’a aucune validité scientifique, il n’est pas reconnu par l’OMS et il fait l’objet de nombreux débats.
"Manque de fondement scientifique"
Le SAP est connu pour propager des croyances au sein des sphères psychosociale et juridique. Ces croyances concernent les "fausses allégations" ou encore ce qui est appelé, par certain.es professionnel.les, le "mythe" de la mère aliénante et de l’enfant menteur.
Malgré son manque de fondement scientifique, ce concept est repris par des psychologues, des avocat.es ou encore par le SAJ/SPJ, les services de protection de la jeunesse. En Belgique, le SAP est considéré par les tribunaux de la jeunesse et de la famille comme étant une raison valable pour un transfert de garde, voire un placement.
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Les associations de terrain venant en aide aux femmes victimes de violence conjugale de différents pays, s’accordent pourtant pour dire que ce concept est régulièrement utilisé par des hommes violents afin de se défendre d’accusations d’inceste, de violences conjugales ou post-séparation (psychologique, physique, économique ou sexuelle) envers leur ex-compagne ou leur enfant.
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Un inventeur controversé
L’inventeur du SAP, Gardner, est un psychologue pro-pédocriminel et antisémite qui développe sa théorie dans un ouvrage intitulé "Psychotherapy With Sex-Abuse Victims : True, False, and Hysterical Paperback". Mélissa Blais (Docteure en sociologie et professeure à l’université de Québec à Montréal) s’est intéressée aux éventuels biais des "recherches" de Gardner. Elle développe ses observations lors d’une conférence tenue dans le cadre d’un forum international intitulé "L’aliénation parentale comme stratégie d’occultation des violences conjugales". Mélissa Blais cite quelques passages de l’ouvrage de Gardner avant d’en conclure que celui-ci a un biais pro-pédocriminel.